Cet été, la Maison Taittinger ouvre en grand ses portes ! Entièrement repensé pour une meilleure expérience, vous découvrirez le nouveau visage de son site historique de la colline Saint-Nicaise à Reims. Véritable cœur battant des activités de la Maison, Saint-Nicaise est LE lieu pour découvrir, visiter et déguster l’univers Taittinger. 

Afin d’accompagner cette réouverture, nous vous racontons ici, en plusieurs épisodes, son histoire et ce qui le relie à la famille Taittinger. 


Saint-Nicaise, sur et sous la terre

Sans la butte et l’abbaye de Saint-Nicaise, la ville de Reims aurait-elle existé ? Sans aucun doute, mais avec un modèle de développement dont on peut estimer qu’il aurait été absolument différent, de la période antique à aujourd’hui.

Bien que située au Sud de la Ville de Reims, un peu à l’écart de la cité antique, la butte Saint-Nicaise joue depuis plus de deux millénaires un rôle prépondérant dans le développement et l’établissement de la singularité de la ville. La craie y est en effet exploitée depuis le IIIe siècle de notre ère.

Il s’est agi de tout temps d’exploiter cette matière disponible pour la construction des bâtiments de la ville. On retrouve cette craie dans les vestiges de certaines caves gallo-romaines, ou dans l’appareillage utilisé pour la construction de la basilique Saint-Remi de Reims.

La plus grande part fut utilisée pour la réalisation de l’enceinte médiévale de la ville, aujourd’hui disparue, mais qui compta six kilomètres de circonférence. Il fallu pour cela utiliser un minimum de 200 000 m3 de matériaux dont environ 60 000 m3 de moellons de craie.

Transformée en chaux, elle a aussi permis la réalisation d’édifices qui ont traversé le temps. Les constructions de la ville, à commencer par la cathédrale Notre-Dame, doivent un peu de leur existence aux carrières de Saint-Nicaise.

Cette manne a fait, pour partie, la richesse de la ville et ce n’est donc pas par hasard que cette butte de terre, devenue carrière de craie – les fameuses crayères –, a été dédiée à saint Nicaise, lui même patron de la ville de Reims.

Une abbaye évolutive

En 1231 y a débuté la construction de l’église abbatiale Saint-Nicaise, en plusieurs étapes jusqu’au XVIIe siècle. Elle s’établissait alors sur les fondations de l’église primitive de Saint-Agricole, lieu de sépulture traditionnel des évêques à l’époque gallo-romaine – et donc de saint Nicaise.

La plus ancienne trace d’une église en ces lieux remonte au IVe siècle mais l’abbaye telle qu’imaginée et bâtie au temps de sa splendeur, richement dotée en sculptures, est contemporaine de la cathédrale. Elle figurait alors un lieu majeur de la chrétienté médiévale de la France du Nord.

La craie de son sous-sol a fait sa fortune. Pourtant, elle perd de son prestige et décline peu à peu, du XVIe siècle à la Révolution française, avant de devenir, hasard ou fatalité, une carrière de pierre.

Il n’en reste rien désormais, mais c’est un monument souterrain, entièrement préservé, qui se cache aujourd’hui sous nos pas. Les derniers vestiges monumentaux encore visibles se trouvent dans les galeries souterraines des caves de la Maison Taittinger dont le siège occupe le site. Les caves ont en effet pris place dans les anciennes crayères gallo-romaines et médiévales.

Caves Taittinger, Saint-Nicaise
Caves historiques de la Maison Taittinger

Cathédrales souterraines

Creusées dans la craie, les galeries relient d’anciens puits d’extraction dont certains atteignent 40 mètres de hauteur. Ce sont de véritables cathédrales souterraines qui accueillent les meilleurs crus de Champagne.

Les caves jouissent en effet des conditions exceptionnelles de la craie. À partir d’un niveau de 7 mètres au-dessous du sol, la température est de 10 à 12°, été comme hiver, avec une hygrométrie constante, sans aucune condensation, le calcaire absorbant l’excès d’humidité.

Partout, les marques des carriers et tâcherons – antiques, médiévaux ou modernes – renvoient à la première vie des crayères… Œuvrant pendant des générations, ils ont extrait  environ 300 000 m3 de craie. Les crayères datant pour les plus anciennes du IVe siècle sont aujourd’hui inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco.


Aux richesses extraites du sol ont succédé les trésors de vins de Champagne que l’on y conserve. Depuis que les hommes ont choisi de s’installer sur cette terre, dans ces plaines en bordure de la Vesle, la butte Saint-Nicaise protège les hommes, leurs savoir-faire et leurs plus belles réalisations.

Siège du Champagne Taittinger, place Saint-Nicaise
Siège du Champagne Taittinger, place Saint-Nicaise
Texte : Cyrille Jouanno