D’illustres personnages ont fréquenté les Jardins de Kensington depuis leur création. Le plus connu de tous n’a jamais existé, si ce n’est dans l’imagination de James Matthew Barrie et dans celle de ses innombrables lecteurs. Son nom : Peter Pan. Le récit de ses aventures, symbolisé sur place par une statue bien réelle, constitue une belle invitation à la découverte de ce parc royal au cœur de Londres. 

Il était une fois un bébé né à Londres qui s’envola une nuit par la fenêtre de sa chambre et trouva refuge dans un parc où il fit de nombreuses rencontres, parla aux oiseaux, berça les fées de sa musique, affronta les tempêtes sur le lac Serpentine. L’histoire « vraie » de Peter Pan, avant qu’elle soit romancée en 1953 par Disney, se déroule dans les Jardins de Kensington. C’est dans ce lieu magique que James Matthew Barrie a planté le décor des aventures de son petit héros de papier telles qu’il les raconte pour la première fois en 1906, sans fée Clochette, ni famille Darling, ni Capitaine Crochet, dans Peter Pan dans les Jardins de Kensington.

Cherchant l’inspiration

Un lieu qu’il connaît comme sa poche pour habiter non loin et l’avoir arpenté dans tous les sens avec son chien en cherchant l’inspiration. Son œuvre fit tant pour la notoriété des jardins que le Duc de Cambridge lui-même lui remit en reconnaissance la clé de l’une des portes qui y donnait accès. Né en Ecosse au sein d’une famille de neuf enfants, James Matthew Barrie puisera dans sa vie personnelle la matière de son récit : un père absent, une mère en adoration devant son fils aîné, la mort accidentelle de celui-ci, les efforts pour combler le vide, plus tard un mariage rapidement suivi d’un divorce, une douce amitié pour cinq enfants et leur maman rencontrés à Kensington Gardens, la disparition brutale de trois d’entre eux. Le contraire d’un conte de fées…

Première édition de l’ouvrage Peter Pan in Kensington Gardens (1906) © DR

Coup de baguette magique

Pour que la fiction habite les jardins comme les jardins habitaient la fiction, l’écrivain commanda au sculpteur George Frampton un bronze de Peter Pan jouant de la flûte pour un public de fées, d’écureuils, de lapins accrochés à son piédestal. Il poussa la fantaisie jusqu’à faire ériger le monument dans la nuit du 1er mai 1912 pour que les enfants, la découvrant au matin, se persuadent que les fées leur avaient offert ce cadeau d’un coup de baguette magique. Restaurée récemment, on peut aujourd’hui la découvrir dans ces fameux Jardins de Kensington. Longtemps terrains de chasse et de jeu de la famille royale, redessinés et enrichis sous la reine Mary et la reine Caroline, ils ont d’abord été ouverts aux personnes vêtues « de façon respectable » avant de devenir un parc public en 1841.

Côté culture, côté nature

Les curiosités y sont si nombreuses qu’elles ne peuvent être embrassées dans leur totalité en un jour. Côté culture, il faut aller admirer le Palais de Kensington et l’Orangerie (endroit idéal pour déguster un thé royal !), l’Albert Memorial considéré comme l’une des merveilles architecturales de Londres, la Serpentine Gallery dédiée à l’art contemporain ou encore l’étonnant Elfin Oak, souche d’arbre millénaire décorée de petits personnages fantastiques. Côté nature, on peut déambuler entre la Serpentine et le Long Water, les champs de fleurs sauvages, la Cradle Walk soigneusement taillée, ainsi que dans les jardins formels, le jardin italien et ses quatre bassins ornementaux ou encore le jardin englouti où se dresse depuis 2017 une statue de Diana qui aimait à y passer du temps. Comme les oiseaux, les écureuils… et Peter Pan. Avec qui nous pouvons retrouver dans ce parc enchanteur les émerveillements de l’enfance.

Texte : Catherine Rivière
Image de une : statue de Peter Pan dans les jardins de Kensington © The Royal Parks