Cet été, la Maison Taittinger ouvre en grand ses portes ! Entièrement repensé pour une meilleure expérience, vous découvrirez le nouveau visage de son site historique de la colline Saint-Nicaise à Reims. Véritable cœur battant des activités de la Maison, Saint-Nicaise est LE lieu pour découvrir, visiter et déguster l’univers Taittinger.
Afin d’accompagner cette réouverture, nous vous racontons ici, en plusieurs épisodes, son histoire et ce qui le relie à la famille Taittinger.
Le renouveau du site Taittinger à Saint-Nicaise :
Le projet architectural
Tout bouge et rien ne change. Bientôt rouvert aux visiteurs après une période de travaux, le site de la Maison Taittinger, place Saint-Nicaise à Reims, est à la fois transfiguré et fidèle à son histoire. Le projet conduit par Vitalie Taittinger avec l’architecte rémois Giovanni Pace fait jaillir une lumière nouvelle au cœur du bâtiment Art déco qui, pour la première fois, danse avec le jardin. Les héritages du passé se mêlent aux harmonies d’aujourd’hui.
« C’était le bon moment ». Moins de dix ans après l’inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco et peu après son accession à la présidence du Champagne Taittinger, repenser le site Saint-Nicaise, depuis le service d’accueil jusqu’aux espaces de bureaux, a pris force d’évidence pour Vitalie Taittinger. « Le réchauffement climatique nous met face à nos responsabilités et nous oblige à nous concentrer sur l’essentiel. Notre mission est de produire de très beaux vins. Pour moi, la meilleure façon d’exprimer ce que fait notre Maison est d’avoir un lieu d’expérience qui soit dédié au déploiement de notre projet de bonheur autour du produit. Cela me semblait important de revoir cet écrin de manière à pouvoir accueillir le public avec encore plus de précision, plus de joie. »
En forme de challenge
Pour l’accompagner dans cette entreprise, elle a fait appel à Giovanni Pace, déjà intervenu auprès de Taittinger pour la création d’une Winery dans le Kent. « Je voulais un architecte qui soit capable d’épouser la sensibilité de la maison et avec qui le travail puisse se faire en équipe, dans une vraie discussion. » L’intéressé n’a pas hésité : « C’est pour moi un projet extraordinaire, en forme de challenge, qui parle de transmission, de renouveau, qui va avec l’esprit du temps. C’est un travail d’écoute, d’observation, de partage d’expériences sensibles qui nous permet à la fin de créer quelque chose de beau, de fonctionnel, qui sera là pour durer. » Leur vision commune s’est déclinée dans « un dessin qui nous paraît à la fois fidèle à l’histoire que porte le lieu et à l’histoire que nous avons envie de porter pour le futur. »
Le visible et l’invisible
Certaines évolutions vont sauter aux yeux, telles que l’ajout d’un péristyle ou la présence plus active du jardin, mais c’est également dans l’invisible que le changement s’accomplit. « C’est un projet à un milliard de détails ! » Chacun a été discuté, pesé, soupesé, choisi. Ces petites choses « qui donnent de l’âme au lieu » reflètent la singularité de la famille Taittinger, sont une révérence adressée par Vitalie à ses prédécesseurs, et en particulier à son père, Pierre-Emmanuel. Giovanni la rejoint : « On construit aussi pour ceux qui étaient là avant nous. On a toujours une pensée pour eux : auraient-ils été fiers de ce qu’on a fait ? »

INTERVIEW CROISÉE VITALIE TAITTINGER X GIOVANNI PACE
Comment avez-vous abordé le site de Saint-Nicaise ?
Giovanni Pace : Avec humilité. C’est un site extraordinaire, chargé d’histoire. Dans un projet comme celui-là, on a envie de tout respecter : le lieu et les valeurs qui l’ont rendu tel qu’il est. Le bâtiment principal, construit dans les années 1920, par Tassigny a une structure très claire qui offre des grands plateaux de plain-pied, ce qui nous a donné beaucoup de liberté pour imaginer de nouveaux espaces. Il va chercher autour de lui tout ce qu’il y a de beau et dont on ne profitait pas à l’époque.
Vitalie Taittinger : On a beaucoup échangé sur le fait que, dans ce projet, on doit voir le site de Saint-Nicaise comme s’il avait toujours été là. Ce qui a été rajouté est peut-être une forme de résurrection du passé parce que Giovanni a inscrit dans une extension un péristyle qui est un retour à l’histoire originelle du lieu, quand Saint-Nicaise était encore une abbaye.
Qu’apporte ce péristyle ?
Giovanni Pace : Cette idée de galerie avec des colonnes en béton existe depuis Tassigny. On s’est efforcé de faire renaître son dessin dans le nouveau projet. Ce n’est pas effacer ou masquer ce qui existe avec de nouvelles ambitions mais le révéler. On utilise un béton particulier, plus contemporain, qui donne la sensation d’un cuir au toucher. On aura presque envie d’embrasser les colonnes !
Vitalie Taittinger : Ce qui nous a inspirés tout au long du projet, c’est l’idée de lumière qui doit toujours traverser le bâtiment et porter l’éclat du champagne. Cela nous a incités à travailler l’espace de façon totalement différente, en aménageant des grandes cloisons qui reprendront aussi toute l’écriture Art déco de la Maison. Il nous semblait intéressant de faire revenir ce trait à l’intérieur du bâtiment et d’y retrouver aussi des codes chers à la Maison.
Dans votre projet, comment les espaces s’agencent-ils ?
Giovanni Pace : Le bâtiment de Tassigny reste le site de réception. L’entrée se fait au même endroit qu’avant. Mais quand on rentre dans le bâtiment, on pénètre dans un espace très lumineux. On découvre aussitôt le jardin. L’accès à la cave est maintenu au même endroit.
Vitalie Taittinger : Au niveau -1, on a transformé ce qui était auparavant la salle de dégorgement en salle de projection. On y rappelle que Taittinger, c’est un nom, une marque, une maison, mais ce qui la porte c’est un patrimoine universel. Après la visite des caves, on remonte et on arrive dans cette grande nef, cette galerie, un espace de déambulation, de dégustation, de découverte de la Taittinger Collection [lancée en 1983, la Taittinger Collection présente le travail d’artistes invités à faire figurer une œuvre sur des bouteilles d’exception, ndlr]. Quand on revient à la surface, on n’est plus dans l’élaboration, on est dans la vie du champagne, c’est-à-dire la culture, les arts, les rituels, la gastronomie associés, la fête. C’est un espace où on vit le champagne en art.

Intervenir sur les bâtiments situés au-dessus des crayères gallo-romaines et des vestiges de l’abbaye n’est pas anodin. Quelles précautions avez-vous prises ?
Giovanni Pace : Il a fallu mettre en œuvre des techniques particulières compte tenu de ces fortes contraintes. C’est une attention de tous les jours pour ne pas fragiliser le sol et préserver ces crayères inestimables, irremplaçables.
Vitalie Taittinger : Pour nous, la sécurité était une des composantes essentielles du chantier, avec trois éléments majeurs à protéger : les personnes qui travaillent dans les crayères et qui manipulent les bouteilles, nos stocks de Comtes de Champagne, la cuvée la plus précieuse de la maison, et le patrimoine universel de l’Unesco. On a mis en place tout une organisation pour que le chantier se déroule sans risques. Quitte à avancer moins vite, on a aussi utilisé des machines plus petites pour créer moins de vibrations. On a marché en permanence sur des œufs !
Quel parti avez-vous tiré du jardin ?
Vitalie Taittinger : On s’est demandé comment redonner une place à la nature, sachant que la présence des crayères souterraines limite les possibilités. Il a fallu là encore marcher sur des œufs. On a travaillé avec trois femmes paysagistes qui ont fait un travail étonnant. Cela donne un jardin très structuré, très sobre, avec une approche artistique qu’on va retrouver aussi dans le lieu, une approche des couleurs, des odeurs. Le jardin fait partie du spectacle. Selon les saisons, il va évoluer. Il a été pensé pour être vu de l’intérieur mais aussi de l’extérieur.
Giovanni Pace : Quand on arrive, c’est la première chose que l’on voit, il est en forme de tapis de bienvenue. En entrant dans le bâtiment, par transparence, on est toujours en relation avec lui, il ne nous quitte pas. On se le réapproprie et il devient un lieu majeur de la composition. Ce sera un jardin très beau à regarder et très agréable à vivre.