Positionné dans la course à l’innovation au bénéfice du transport maritime, Syroco commence à déployer sa plateforme logicielle qui contribue à réduire significativement les émissions de CO2 et les consommations d’énergie des navires.
Quand on a grandi à la sortie du grand port de Marseille Fos et qu’on a assisté à la noria des porte-conteneurs et des pétroliers qui fournissent le sud de l’Europe, on comprend vite que la mer n’est pas seulement le paradis des windsurfers mais aussi une route très empruntée pour les marchandises du monde entier. Marqué par ces images d’enfance, l’athlète de haut niveau Alex Caizergues a fait le lien le jour où il a raccroché pour se concentrer sur un nouveau défi entrepreneurial. Avec Syroco, start-up de la climate tech créée en 2019 avec quelques complices aussi passionnés, il a résolu de transférer dans le monde industriel les apports techniques qui permettent d’atteindre l’excellence sportive, en y ajoutant une dimension environnementale. Sa cible : le transport maritime, qui doit aujourd’hui se réinventer pour réussir sa transition écologique et énergétique.

Pression forte
« C’est l’un des modes les plus vertueux sur le plan du CO2 généré par tonne transportée, mais comme il s’est beaucoup développé et achemine aujourd’hui 90 % du fret international, il est de facto un très fort contributeur aux émissions de gaz à effet de serre et au réchauffement climatique », commente Yves de Montcheuil, l’un des associés. L’objectif fixé à l’horizon 2050 par l’Organisation Maritime Internationale est de diviser par deux les émissions de CO2 des navires de commerce… alors que, dans le même temps, le volume de marchandises transportées pourrait être multiplié par quatre. « La pression est forte pour les compagnies maritimes, qui sont déjà soumises à des restrictions de navigation dans certaines zones comme la mer Baltique, et dont les clients veulent connaître l’empreinte carbone du cycle de transport. Le secteur est très doué pour optimiser les flux logistiques, les chargements, mais pas toujours pour conduire l’innovation au cœur de son système. Lui fournir des solutions était une évidence pour Alex. »
Un jumeau numérique
Organisé en laboratoire de R&D, Syroco a trouvé une solution et l’a éprouvée avec succès pour ses propres besoins, à savoir la conception d’un engin capable de battre le record de vitesse sur l’eau propulsé par le vent (voir article précédent ici). Cette plateforme logicielle, Syroco EfficientShip, est basée sur un jumeau numérique grâce auquel on peut simuler de nombreux scénarios en fonction de la configuration du navire, sa route, ses conditions d’exploitation, la météo, etc. et estimer sa consommation en carburant, ses émissions de GES de façon à définir le meilleur profil d’utilisation, c’est-à-dire le plus efficace, le plus sobre, le moins polluant. Une fois ce profil déterminé, il est déployé sur le navire pour assister l’équipage au quotidien dans leur prise de décision. « L’un de nos clients a effectué à l’automne dernier une campagne de tests sur des porte-conteneurs existants. Il fait parcourir aux jumeaux numériques 4 milliards de miles nautiques, c’est-à-dire près de 200 000 fois le tour virtuel de la terre ! »
Partenariat avec Taittinger
« Selon les choix faits par les exploitants, par les constructeurs, on estime pouvoir réduire de 5% à 20% les émissions de GES et réaliser les mêmes économies sur la consommation d’énergie, avance Yves de Montcheuil. Sachant qu’un porte-conteneur peut consommer jusqu’à 50 M€ de carburant par an, c’est très significatif. » Avec son outil d’aide à la décision innovant et son storytelling unique, Syroco a conquis ses premiers clients – des armateurs et chantiers navals européens – mais aussi des partenaires financiers qui croient dans le projet. Taittinger est l’un d’entre eux. « Pour notre maison de Champagne, fortement exportatrice, et notamment par voie maritime, il est important de participer au développement de solutions concrètes pour la protection de l’environnement. » Ces soutiens confortent la start-up dans ses ambitions. « Il y a 50 000 navires de plus de 100 mètres (marchandises et passagers) qui naviguent sur une aire du globe. Notre objectif est d’être embarqué sur chacun pour les aider à réduire leurs émissions. Pour cela, nous voulons être les meilleurs. L’excellence est la clé dans tout ce qu’on fait. »
