Michel de Nostredame, dit Nostradamus, né le 14 décembre 1503 à Saint-Rémy-de-Provence et décédé le 2 juillet 1566 à Salon-de-Provence, est l’apothicaire et l’astrologue le plus célèbre depuis la Renaissance. L’intérêt intemporel pour son œuvre controversée « Les Prophéties », recueil annonçant la marche du monde jusqu’à l’an 3797, fait de Nostradamus un personnage énigmatique voire éternel.
Cette figure emblématique du XVIe connaît ses premiers succès en tant que jeune médecin pour avoir soigné la peste dans la ville de Lyon ainsi que d’autres provinces françaises. En 1550, il publie son premier almanach annuel de prévisions astrales qu’il signe sous le nom de « Nostradamus ». Ce pseudonyme, qu’il gardera pour signer l’ensemble de ses écrits, n’est pas l’exacte transcription latine de « Nostredame » mais pourrait être traduit par « Nous donnons (damus) les choses qui sont nôtres (nostra) » ; prémices d’un parcours de vie prophétique.
Le choix de ce nom cumulé à une lecture des astres parfois inexacte commence à alimenter le débat autour de l’astrologue. À cette époque, l’astrologie est une pratique courante prise très au sérieux puisqu’elle va de pair avec la science. L’idée que le destin se lit dans les étoiles est très ancrée dans les mentalités.
C’est pourquoi, à partir du 4 mai 1555, à l’âge de 51 ans, Nostradamus devient une figure légendaire avec son ouvrage « Les Prophéties » qui connait immédiatement un immense succès. Il s’agit d’un recueil de quatrains à vocation prophétique assemblés en centuries, c’est-à-dire par ensemble de cent.
Après cette publication, on fait volontiers le voyage de Provence pour consulter l’astrologue. Catherine de Médicis, épouse d’Henri II, ira elle-même le consulter lors d’un voyage dans le Midi en 1564 avec son fils Charles IX. À cette occasion, Michel de Nostredame sera alors nommé médecin et conseiller du Roi. Nostradamus aurait d’ailleurs prédit, entre tant d’autres évènements, que le quatrième fils de Catherine de Médicis, Henri III, serait chassé de sa ville, qu’il prendrait la fuite avant d’être mis au ban du royaume de France et que le siège de Paris aurait alors lieu. Une prédiction très troublante, concernant cette fois la mort d’Henri II, avait également été formulée dans les Centuries du prophète : « Dans cage d’or les yeux lui crèvera ; Deux classes une, puis mourir, mort cruelle ». Ce roi de France est en effet décédé des suites d’une grave blessure à l’œil survenue lors d’une joute équestre pendant un tournoi.
Nostradamus semble ouvrir des fenêtres sur l’avenir du monde ; plus qu’un astrologue, il est l’instrument du divin :
« Étant assis de nuit secrète étude,
Seul reposé sur la selle d’airain,
Flambe exiguë sortant de solitude,
Fait prospérer qui n’est à croire vain.
La verge en main mise au milieu de branches,
De l’onde il moule & le limbe & le pied.
Une peur & voix frémissent par les manches,
Splendeur divine. Le divin près s’assied. »
Avec ce tout premier quatrain, le prédicateur nous laisse entrevoir sa méthode de divination. Il nous suggère une forme de méditation qui l’ouvrirait aux cieux afin d’en recevoir les messages. Son ouvrage est nébuleux, les messages sont faits de termes complexes et la grammaire est incohérente ; Nostradamus se justifie en expliquant que « la révélation des vérités célestes ne doit pas s’offrir à la connaissance du vulgaire » et cite l’évangile de Matthieu (chapitre 7 versé 6) « Ne donnez pas les choses saintes au chien et ne jetez pas les perles devant les pourceaux ; de peur qu’ils ne les foulent au pied et que, se tournant contre vous, ils vous déchirent. ».
Idolâtré par certains et détesté par d’autres de son vivant, Nostradamus continue d’interpeler scientifiques, historiens et intellectuels qui se passionnent pour le décryptage de ses prédictions.
Aujourd’hui on ne dispose toujours pas d’une étude d’ensemble sur Nostradamus et son œuvre ; les recherches dans les archives sont restées à l’état d’ébauches. En France, les historiens ne s’intéressent guère aux sciences ésotériques et, à l’image de Jésus lors de son retour à Nazareth, finalement nul n’est prophète en son pays.