Dans un précédent article, nous vous racontions l’histoire de l’Atelier Simon-Marq, l’une de plus ancienne et estimée entreprise de France, qui perpétue depuis près de quatre siècles le savoir-faire du vitrail.
Petit rappel des faits. L’Atelier Simon-Marq est une légende. C’est en 1640 que Pierre Simon crée « un chef-d’œuvre de corporation », un simple verre décoré d’émaux, qui lui permet de devenir maître verrier à Reims. Sa renommée est internationale mais son histoire est intimement associée à celle de Reims et de sa cathédrale dont il a contribué à sauver une bonne partie des vitraux lors des bombardements de la Première Guerre mondiale. L’atelier a prospéré pendant trois siècles avant de connaître d’importantes difficultés voici quelques années. Menacé de disparition, il a été repris par le Rémois Philippe Varin, président du groupe Suez, et Pierre-Emmanuel Taittinger, le président de la mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne. Accompagnés de toute une équipe et soutenus par de nombreux mécènes, ils animent ce qui fait partie du patrimoine national et champenois. Une histoire de passion.
Désormais sauvé, l’Atelier Simon-Marq devait trouver de nouveaux locaux après les « historiques » de la demeure art déco de la rue Ponsardin, revendue, puis les espaces transitoires de la rue de la Justice. L’idée d’une église désaffectée – un espace vaste et lumineux – s’est rapidement imposée dans l’esprit des deux repreneurs qui ont immédiatement pris attache auprès de Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims. Et le prélat de proposer l’église du Sacré-Cœur, dans un quartier Clairmarais en plein développement. Le bâtiment religieux en béton conçu dans les années 50 par les architectes André Gaston et Yves Michel leur a ainsi été confié au moyen d’un bail longue durée. La réhabilitation de cette église, qui « authentifie le lien qui unit l’art du vitrail et les lieux de foi » – pour reprendre les mots de Pierre-Emmanuel Taittinger – relève du symbole et répond au vœu émis par les repreneurs de « pouvoir installer durablement les activités de l’atelier, de façon rêvée voire idéale, dans un lieu adapté, au caractère moderne. »
Une magnifique opportunité selon Marine Rondeau, secrétaire générale de l’Atelier Simon-Marq. « Une église, c’est idéal, assure-t-elle. Pour bien travailler, il nous faut en effet un espace assez vaste, bien sûr, mais surtout baigné d’une lumière diffuse et stable tout au long de la journée. Ce sera le cas dans l’église du Sacré-Cœur ». Ainsi 750 m2 seront dévolus au travail de l’atelier, mais un nouvel espace de 400 m2 permettra de développer une toute autre activité. Car c’est un tout nouveau projet qui va être développé dans les espaces investis. Pour la première fois, l’Atelier Simon-Marq permettra au visiteur de mieux comprendre la verrerie d’art et le travail des maîtres-verriers. Une chapelle sera transformée en espace multimédia, puis les visiteurs pourront traverser l’atelier, occupé par les compagnons, avant de se retrouver près du baptistère et y admirer, de près, des vitraux à la lumière naturelle. Il accèderont ensuite à une collection de vitraux anciens. « Le quartier est en pleine transformation et nous voulons apporter notre pierre à l’édifice, contribuer à son dynamisme retrouvé », assure Marine Rondeau. L’emménagement progressif a commencé en tout début d’année.
Pour l’heure l’activité bat son plein. « Nous venons d’envoyer un devis à New York », sourit la secrétaire générale. Les commandes d’entreprises et de particuliers sont nombreuses, en France et à l’international. L’Atelier Simon-Marq travaille aussi sur un vaste chantier, la commande de 18 vitraux pour l’église Saint-Hilaire de Givet. Deux premiers vitraux ont été posés en septembre. Les panneaux ont été créés par Catherine Roch de Hillerin, peintre officielle des armées. Deux autres vitraux seront installés chaque année jusqu’au terme de la commande. D’autres installations sont en vue, notamment à la cathédrale de Metz, en janvier 2022. Si des ateliers concurrents existent en France, souvent recentrés sur la restauration, l’Atelier Simon-Marq reste le leader incontesté pour la création de vitraux contemporains.
