Photographe star du monde de la déco, Matthieu Salvaing capte la lumière des lieux et la vérité des visages. Entre portraits de personnalités et images d’architectures, il sublime l’art de vivre avec une élégance accessible. Du Brésil à la Camargue, son regard révèle le beau, partout où il se cache.

« C’est le sens de ma vie ! » s’exclame l’intéressé quand on lui dit que son travail doit lui offrir l’occasion de faire de belles rencontres. De fait, Matthieu Salvaing a fait ses premiers pas de photographe grâce à une rencontre déterminante dans sa vie : celle de l’architecte brésilien Oscar Niemeyer. Alors qu’il se trouve au Brésil après des études d’art en France, il sympathise avec la famille de l’architecte. Avec le temps, Niemeyer et lui vont nouer des liens solides. « Nous avons eu une véritable relation amicale, il me faisait des retours sur mes photographies et je peux dire que cela m’a lancé dans le métier. » confie ainsi le photographe. Matthieu Salvaing aura l’occasion de faire le portrait des bâtiments de l’architecte dans le cadre d’une importante publication en 2007.

Puis les publications s’enchaînent. Matthieu Salvaing commence à répondre à de plus en plus de commandes pour des magazines de mode, d’architecture et d’art de vivre, notamment AD dont il signe de très nombreuses couvertures. Il fait le portrait des lieux, mais aussi des gens qui les occupent et garde l’œil toujours en éveil, prêt à se laisser surprendre. « J’étais en Inde récemment et, à un moment, alors que je me trouvais dans le Nord-Ouest du pays, je suis tombé sur un magnifique temple bouddhiste. Les couleurs étaient incroyables. On pourrait faire un livre rien que sur ce temple : les colonnes, les bas-reliefs, la gamme de couleurs… »

Matthieu Salvaing

Pour ce natif de la Camargue, la photographie était toute proche avec le festival d’Arles. Mais c’est encore une rencontre qui a propulsé le jeune homme. En 2004, Matthieu Salvaing couvre les coulisses du film 2046 du fameux réalisateur Wong Kar-Wai pour le magazine Vogue. C’est une révélation et une manière d’inscrire son travail émergent dans quelque chose de durable. « Je me suis aperçu, avec le temps, qu’une seule photographie pouvait véritablement changer ta carrière. » affirme le photographe. On peut toujours trouver le portrait du réalisateur sur son site internet.

S’il avoue avec un peu d’embarras qu’il n’a pas un très bon bilan carbone du fait de ses très nombreux voyages – environ trois ou quatre par mois – Matthieu Salvaing se fait néanmoins défenseur de la planète et estime que nous devrions avoir davantage conscience de notre responsabilité envers elle. Il prend l’exemple des bâtiments vite et mal construits dans certains coins de l’Afrique alors qu’il vante les méthodes ancestrales et traditionnelles sur lesquelles il s’est longuement arrêté dans un grand nombre de ses images, comme le montre son travail réalisé sur les huttes en Éthiopie.

S’il fait fréquemment les portraits d’anonymes et de personnalités (le peintre Miquel Barceló, l’actrice Louise Bourgoin ou encore le fashion designer JW Anderson et le chanteur Lenny Kravitz), Matthieu Salvaing reste avant tout préoccupé par la beauté du monde tel qu’il est, de façon brute, que ce soit dans un environnement proche, comme en Camargue – qu’il va parcourir à nouveau pour un projet de livre – ou lointain, comme à Rio – objet d’un autre ouvrage. Quand on lui demande ce qu’il dirait à un ou une jeune photographe qui voudrait se lancer, il répond : « C’est important surtout de raconter son histoire, de dire ce qu’il y a au fond de soi et de chercher son identité. De travailler sur soi. La technique, ce n’est pas tellement compliqué, on peut l’apprendre rapidement. Mais le vrai travail, c’est de découvrir sa personnalité ! »

www.matthieusalvaing.com
IG : @matthieusalvaing

Texte : Jean-Baptiste Gauvin
Photos : © Matthieu Salvaing