À partir du mois de juin, une immersion totale et détaillée est proposée dans les crayères de la Maison Taittinger. Une reconstitution numérique soigneuse qui propose outre l’historique des caves, la découverte de vestiges innombrables.
L’histoire des caves Taittinger accessible en visite virtuelle
Parmi les 3000 crayères qui jalonnent le sous-sol rémois, dont une grande partie se trouve sous la butte Saint-Nicaise, les caves Taittinger renferment de nombreuses traces de l’Histoire. “Les Crayères Taittinger font partie des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et nous sommes les gardiens de ce lieu d’histoire. La pandémie nous a amenés à repenser notre façon de faire rayonner ce patrimoine” explique Vitalie Taittinger, présidente du Champagne Taittinger, qui a prêté sa voix au dispositif virtuel pour guider le visiteur dans une découverte inédite des caves, à travers des vidéos et captations panoramiques.
“Habituellement la visite de cave est axée sur l’élaboration du champagne, nous proposons ici une visite d’un autre type” ajoute la présidente. Grâce à la participation d’historiens et à d’importantes recherches, nous remontons à l’époque où Reims s’appelle Durocortorum et revenons sur la création de ces étonnantes cathédrales de craie souterraines. Au travers de ce travail d’enquête, les visiteurs pourront redécouvrir les vestiges qui se cachent derrière les pupitres de bouteilles qui rendent les événements de l’Histoire singulièrement palpables. En quelques minutes, nous parcourons près de 2000 ans d’histoire, nous arrêtant sur la création des crayères, l’abbaye Saint-Nicaise, les traces de l’art gothique et des graffitis de la 1ère guerre mondiale.
« Créer un nouvel échange »
Pour rendre compte de cet espace, à la fois lieu d’expression et d’exploitation, la Maison Taittinger a souhaité s’associer à une agence de référence, Sisso, qui s’est chargée de la réalisation technique de ce projet immersif. Créée en 2010 et d’abord spécialisée dans le développement de visites virtuelles, elle met aujourd’hui son expérience au service de la valorisation du patrimoine. Camille Ferté, directrice associée de l’agence, aborde l’importance de l’ergonomie du dispositif et de la captation des sujets : “Nous rencontrons souvent des contraintes techniques durant les tournages : obscurité, chromie, manque de recul pour rendre compte des perspectives. Il n’y a pourtant pas de complexité bloquante si ce n’est la sélection du contenu. Le public virtuel passe environ cinq minutes par visite, c’est donc un défi de condensation des propos, considérant la riche histoire des caves Taittinger.”
Les visites virtuelles sont apparues il y a une dizaine d’années. Mais le contexte actuel a vu leur nombre exploser. L’agence Sisso nous partage son expérience sur ce phénomène : “L’engouement naît notamment d’une volonté d’événementialiser. L’exposition virtuelle permet de s’ancrer dans le moment présent et au travers d’entretiens privilégiés de guider davantage le visiteur, de créer un nouvel échange. De plus, les publics sont très demandeurs sans qu’on ne constate de cannibalisation entre le réel et le virtuel, au contraire, les deux univers se complètent.”
Des contenus inédits grâce à la visite virtuelle
Le dispositif permet de répondre à une diversité d’enjeux. Le cas d’une exposition temporaire fait appel à un développement plutôt littéral. À l’instar des visites virtuelles développées pour le château de Versailles, il s’agit d’archiver une scénographie qui aura une durée limitée dans le temps; reprenant exactement le parcours et les propos de l’exposition. Dans le cas d’une exposition exclusivement virtuelle, il n’est pas question de dupliquer mais de raconter une histoire, créer des liens et connexions entre des éléments épars. C’est l’ambition définie par Taittinger dont l’objectif est de mettre en valeur un patrimoine présent dans ses caves mais peu observé, les visites étant principalement centrées sur l’élaboration du champagne, comme l’expliquait la présidente de la Maison. La visite virtuelle est donc un moyen de donner véritablement corps à l’aspect historique des caves.
Les visites virtuelles, fréquemment exploitées comme support touristique et commercial, ne se limitent donc pas à faire voir ou faire visiter. Elles permettent d’offrir un accès privilégié à des contenus inédits. Par leur grande accessibilité sur internet, elles répondent aux enjeux de démocratisation et d’accès à la culture. Le patrimoine est désormais disponible sur les écrans de tous et s’affranchit de certaines barrières sociales et géographiques. À grand renfort de pédagogie et didactique, les institutions culturelles ont un nouvel outil pour délivrer les clés de leurs richesses. La visite est, qui plus est, évolutive, tel le projet “Ma petite galerie” du musée Louvre dédié spécifiquement à l’éducation artistique et culturelle, qui se réécrit au fil des saisons. L’expérience utilisateur devient un élément clé de la diffusion culturelle et la visite se transforme en une invitation à se rendre réellement dans ces lieux de culture.
