Elle est belle ma Friche. La Belle de Mai
Prenez un dimanche un peu couvert et filez vers les couleurs de la Friche la Belle de Mai derrière la gare Saint-Charles. Dans l’ancienne manufacture de tabac de la SEITA, 12 hectares sont consacrés aux arts et à la ballade. Prenez le temps de vous promener dans les anciens bâtiments, hangars, paliers, devenus lieux de vie où déborde l’énergie d’un quartier et d’une communauté artistique forte de 70 résidents permanents (musiques, théâtre, arts plastiques). Le Playground attire toute la jeunesse du quartier, la place des quais accueille les familles pour le pique-nique, le toit-terrasse est le lieu de toutes les fêtes et des concerts de l’été… Ce jour-là, dans la Tour, il y avait l’exposition Sickscreen Land, panorama sérigraphique rassemblant quatre ateliers venus de Belgrade, Porto, Vielsam et de Marseille (atelier sérigraphique permanent « Le dernier cri » à l’intérieur de la Friche).

© Caroline Dutrey
© Caroline Dutrey
Les Grandes Tables © Jérôme Descamps
Atelier sérigraphique © DR

Affiches, installations où le trash prédomine avec couleurs saturées, slogans engagés, figures monstrueuses et cauchemars sanglants. Toutes ces images provenant d’impressions manuelles. Enfin, pour que le plaisir soit total, il fallait un restaurant. Ici, c’est « Les Grandes Tables », un immense lieu vitré où le service est jeune et joyeux. Fatima avait cuisiné un couscous de poulet aux abricots secs, raisins secs, amandes, pois chiches et oignon odorant et surtout d’un moelleux rare. La carte change avec bonheur au gré des saisons et des arrivages. Une fois repu, vous pouvez redescendre vers la librairie ou boire un dernier café à « La salle des machines ». À pied, en vélo ou en bus vous n’êtes pas loin du Palais Longchamp…
_La Friche la Belle de mai : 12, rue François Simon, 3ème arrondissement / lafriche.org

Sans chef-d’œuvre ? Le Musée des Beaux-Arts
Le Musée des Beaux-Arts est situé dans l’aile gauche du Palais Longchamp. Après avoir admiré la fontaine et être passé au travers du rituel des photographies de mariage sur le grand escalier, vous accéderez à une collection réaménagée récemment. Sans chef-d’œuvre véritablement incontournable, le parcours permet de s’interroger sur l’influence des grands maîtres et sur les courants de peinture à travers l’Europe. Il y a, par exemple, La Vierge et l’Enfant Jésus de Simon Vouet peinte en 1638. Voilà pour le titre, mais le tableau représente une mère et son enfant, rien de plus. Pas d’auréole, pas de lumière « divine », pas de position extatique, juste une jolie jeune femme et son enfant tout en peau nacrée. Elle lui montre une rose, il est intrigué, un moment d’éducation simple. Une étole d’un bleu qui pourrait être marial unit la mère et l’enfant, la naissance de chaque enfant devient l’égale de la naissance de Jésus.

© DR

Il y a aussi Samson et Dalila de Louis Finson (1580-1617). Le tableau est tout en violence, le corps de Samson, son rictus, les hommes d’armes, les couleurs de bruns et de rouge. Dalila est au centre, elle tient les bras de Samson et oppose aux cris, son visage pâle, sa coiffure élaborée, son front ceint d’un bijou avec plume, son port de tête altier et surtout, un regard déterminé et absolument serein. Ce tableau est accroché à côté d’une copie de la Madeleine en extase peinte par Louis Finson d’après Le Caravage où Madeleine s’adonne à une extase christique des plus alanguie et sensuelle. Regard d’un homme sur deux femmes troublantes. Vous pourrez découvrir aussi les peintures inspirées de Félix Ziem (1821-1911) et quatre portraits de Françoise Duparc (1726-1778) qui peignit avec beaucoup d’humanité des gens de la rue : marchande de tisanes, vieille femme, homme à la besace, femme à l’ouvrage. Un regard doux comme peut l’être celui du cinéaste Alain Cavalier lorsqu’il le porte sur les femmes, dans sa série 24 Portraits.

Françoise Duparc – Femme à l’ouvrage
© Musée des Beaux-Arts de Marseille

Sans chef-d’œuvre ? C’est sans compter sur Honoré Daumier (1808-1879). Un esprit caustique, des mains de génie pour croquer son époque. Ici, vous pourrez admirer une partie des Célébrités du Juste Milieu, incroyables de cruauté sur le monde politique, et vous amuser de la figure de Ratapoil, tout en flagornerie et malice. C’est sans compter, enfin, sur le Portrait de femme de Rubens peint en 1630 où le regard doux d’une jeune femme à la tête inclinée au milieu de son col vaporeux vous met en émoi.
_Musée des Beaux-Arts de Marseille : 9, rue Edouard Stephan, 4ème arrondissement

© Jérôme Descamps

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LE CARNET

Le Vieux port est un aimant, de jour comme de nuit, vous aurez envie d’y passer et d’y repasser ; quelques lieux pour multiplier les points de vue.

> Le Café du Théâtre ou Le Barjac (Place de Lenche)
> Terrasse du Fort Saint-Jean ou de L’Esplanade Saint-Sauveur (Quartier du Panier)
> Bar Le Dantes (Hôtel Sofitel Marseille Vieux Port)
> Terrasse De l’Abbaye Saint Victor (Place Saint Victor)
> À bord du Ferry-Boat (Entre la mairie et le Quai Rive-Neuve)


Quelques motifs de combats gourmands et de prospection marseillaise

La pompe à l’huile :
Du beurre dans ma pompe, vous en avez-vu beaucoup du beurre dans la cuisine d’ici ? Tout est dit. Il n’est de pompe qu’à l’huile d’olive. À vous de prospectez et de goûter.
> Pâtisserie Plauchut (168 La Canebière, 1er arrondissement)

Le gibassier :
Aïe, personne ne s’entend, pâte levée ou pâte sablée ? Tout le monde est d’accord sur l’orange confite et/ou l’anis dans des proportions à doser en fonction du pâtissier. Mais pour la pâte, les avis sont partagés.

> L’atelier des Saveurs (1 rue de la Grande Armée, 1er arrondissement)

Le gâteau des rois :
Brioche en couronne à la fleur d’oranger ornée de fruits confits. Juste un régal.

> Pâtisserie Saint Victor (2 avenue de Corse, 7ème arrondissement)
> Le Pain de l’Opéra (61 rue Francis Davso, 1er arrondissement)

Les navettes :
La fleur d’oranger a embarqué à bord de ce gâteau sec en forme de navire. Que vous soyez d’un côté ou de l’autre du Vieux-Port, ouf, deux adresses pour tremper le biscuit.

> Four des Navettes (136 rue Sainte, 7ème arrondissement)
> Les navettes des Accoules (68, rue Caisserie, 2ème  arrondissement)

Texte : Jérôme Descamps
Première image : ©mrOMTCM