Que serait l’Italie de la dolce vita sans ses refrains souvent imparables qui ont su traverser les frontières et le temps ?
À qui ou à quoi nous renvoie la dolce vita ? D’abord au cinéma, bien sûr, et à ses grandes figures des années 1950 à 1980. Et à ses figures iconiques, avec les comédiens Marcello Mastroianni, Sophia Loren, Monica Vitti, Ugo Tognazzi, Claudia Cardinale, Anna Magnani… Tout ceci concourt aux représentations que nous avons de cette dolce vita italienne.
La chanson figure un autre versant de cette effervescence artistique de l’après Seconde guerre mondiale, elle pose des mots, des sons et des visages sur l’élégance et le charme à l’italienne. Car, oui, la chanson italienne, par sa singularité, est bien un élément indissociable de la dolce vita. Les années 1960 et 1970 ont marqué l’émergence d’artistes comme Adriano Celentano ou Mina qui ouvriront la voie à de nouvelles générations de chanteurs, dont certains parviendront à élargir leur audience bien au-delà de la péninsule (Patty Pravo avec « La Bambola », Loredana Bertè, qui fut la compagne du tennisman Björn Borg, avec « Soi bellissima »…) ou Gianna Nannini qui a conquis une célébrité mondiale grâce à son timbre de voix si singulier et à son titre entêtant, « I maschi ».
Cette tradition de la belle chanson, de la « bella canzone », perdure avec, au cœur de cette profusion de création, une institution, le festival de chanson de Sanremo qui, chaque année, voit s’affronter pendant une semaine, lors de soirées successives, les artistes en vue de la scène italienne.
Sanremo, le festival de la chanson italienne
Créé en 1951 et invitant depuis ses débuts les artistes à présenter des reprises mais également des titres originaux, écrits pour l’occasion, il perpétue le mythe d’une chanson de qualité, à la fois pop et romantique. Des millions d’Italiens suivent encore ce programme, dans un pays où toute la presse évalue le lendemain la prestation des artistes et leur progression dans le classement. La pression est forte. En 1967, le chanteur Luigi Tenco, compagnon de Dalida, est éliminé. Son titre « Ciao amore ciao » étant jugé trop faible par le jury. Il se suicide quelques heures plus tard.
Aujourd’hui encore, Sanremo est le lieu de convergence de ces artistes qui donnent à écouter ces mélodies légères, élément indissociable de la culture italienne. Des artistes tels que le duo sicilien Colapesce & Dimartino (avec le titre « Musica legerissima », chanson primée à Sanremo), ou le toscan Giorgio Poi, s’inscrivent dans cette veine en y apportant la touche de modernité qui permet à cette chanson de tradition de se prolonger sous d’autres formes.
Ici aussi, le lien avec le cinéma est ténu, certains réalisateurs tels que Paolo Sorrentino (La Grande Bellezza, The New Pope…) continuent de populariser cette musique d’aujourd’hui dans les bandes-son de leurs films, ainsi entendues à travers le monde entier. Que l’on ne s’y trompe pas, la chanson italienne est vivante et créative. À tel point que s’est tenue cette année à La Villette, à Paris, au printemps, la seconde édition du festival Fiore Verde, dédié aux cultures et aux musiques italiennes d’aujourd’hui. La dolce vita a encore de beaux jours devant elle !
Texte : Cyrille Jouanno
Image de une : La chanteuse Mina © DR