Né en 1805 à Blois, Robert-Houdin est considéré comme le père de la magie moderne. Usant de techniques nouvelles pour l’époque, ses tours de magie ont connu un succès foudroyant et se sont rapidement exportés à l’international.
On le confond souvent à tort avec son presque homonyme américain, lui aussi l’un des plus grands illusionnistes de son temps. Mais Jean-Eugène Robert-Houdin n’a aucun lien de parenté avec Harry Houdini, de son vrai nom Ehrich Weisz. Pour autant, né trois ans après la mort du précurseur français, Houdini choisissait ce nom de scène pour rendre hommage à celui qu’il n’a jamais cessé d’admirer tout au long de sa vie. Robert-Houdin méritait amplement cette reconnaissance Outre-Atlantique et bien au-delà puisqu’il est considéré comme le fondateur de la magie moderne telle que nous la connaissons. L’illusionniste né à Blois a tout d’abord usé de ses talents dans l’horlogerie, où il a débuté en qualité d’apprenti puis d’artisan installé à Paris. C’est là qu’il découvre, en les réparant, les premiers automates musicaux, comme le Componium. De l’automate à la prestidigitation, il n’y a qu’un pas que l’horloger franchit allègrement.
À quarante ans, il réunit la somme nécessaire à l’ouverture du Théâtre des soirées fantastiques, au Palais Royal, où il présentera pendant plusieurs mois toute une série d’automates plus étonnants les uns que les autres. Très vite, il y ajoute des « numéros » nouveaux, illusions très abouties pour l’époque, à l’image de La Bouteille inépuisable, de La Boîte magique ou de La Suspension éthéréenne.

Le Théâtre de Robert-Houdin, tel qu’on le nommera rapidement, peut accueillir un peu plus de deux cents personnes. Le magicien utilise toutes les techniques de son temps, encore très peu connues du grand public, usant de l’électricité et de l’électro-magnétisme pour nourrir l’illusion. D’ingénieuses inventions font de chacun des meubles utilisés sur scène des outils pour dissimuler les « trucs » inventés par Robert-Houdin. Des systèmes de trappes, des mécanismes savants et une imagination sans limite, confèrent à ses réalisations une aura qui lui valent de « ringardiser » assez rapidement ses concurrents parisiens. Le théâtre tout entier est pensé pour l’illusion, du plateau à la fosse d’orchestre, en passant par quelques fauteuils de spectateurs, eux aussi truqués. Cinq années seulement après son ouverture, le Théâtre des soirées fantastiques de Robert-Houdin a fait la fortune de son inventeur qui le transfère dans un espace encore plus prestigieux pour l’époque, sur le très fréquenté boulevard des Italiens.
La mémoire de Robert-Houdin se perpétue aujourd’hui encore. La pièce de théâtre à succès, Le Cercle des illusionnistes, évoque sa vie et celle de Georges Méliès. Le célèbre cinéaste fut en effet le « repreneur » du théâtre de Robert-Houdin, quelques années après la mort de son fondateur. À 27 ans, Méliès y débutait une carrière de directeur de théâtre et d’illusionniste, fondant une Académie de prestidigitation avant de se tourner vers une toute nouvelle « illusion » popularisée par les frères Lumière, le cinématographe. À la fin de sa vie, retiré des plateaux de théâtre, Robert-Houdin se retire dans sa maison située dans un village près de Blois, Saint-Gervais-la-Forêt. Là, il installe dans son jardin toutes sortes de mécanismes pour surprendre, avec de nouvelles illusions, les rares visiteurs qui s’aventurent loin de Paris pour saluer le génial inventeur. Robert-Houdin sera, pour toujours, le père de l’illusion.
