Sait-on que William Frederick Cody, plus connu sous son surnom de « Buffalo Bill », aurait des origines françaises ? Ce qui est sûr, en revanche, c’est que cette figure emblématique de l’Ouest américain est venue à Reims, en 1905.

Ainsi, Buffalo Bill serait un descendant de la famille Lecaudey ou l’Escaudé, originaire de Monthuchon, dans le département de la Manche, dont l’un des membres aurait émigré en Nouvelle-Angleterre puis dans le Massachussetts au XVIIe siècle, son nom se transformant en Le Cody, puis Cody. Voilà un premier élément de doute sur l’histoire d’un personnage légendaire du Far West. Mais, « dans l’Ouest, quand la légende dépasse la réalité, on publie la légende ». La célèbre réplique du western de John Ford, L’Homme qui tua Liberty Valence, prend toute sa dimension avec William Frederick Cody, né dans le comté de Scott (Iowa), le 26 février 1846.

Car, selon certains de ses plus éminents biographes – au rang desquels les Français Michel Faucheux et Jacques Portes1 –, ce fameux William était un affabulateur du meilleur cru, prompt à transformer en exploits la banalité de ses faits et gestes. Certes, il fut dès son adolescence un cavalier émérite du Pony Express; participa à la guerre de Sécession dans l’armée nordiste ; devint chef éclaireur au 5erégiment de cavalerie ; combattit les indiens ; et, engagé par la Kansas Pacific Railway, dut par contrat abattre douze bisons par jour pour nourrir les 1 200 poseurs de rails de la compagnie – soit environ 4 300 bêtes en neuf mois, nombre considéré plausible – ce qui lui valut le surnom de « Buffalo Bill » parmi les ouvriers. Rien d’héroïque cependant, mais une vie d’aventures dont il sut tirer parti en la mettant en scène avec talent, jusqu’à créer sa propre mythologie à travers celle de l’Amérique. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

À Reims en 1905

En 1882, il fonde sa propre troupe, le Buffalo Bill’s Wild West Show, et organise des spectacles grandeur nature sur la vie des pionniers de l’Ouest américain, chasse au bison et attaque de diligence à la clé, avec de vrais indiens sur la piste. 

Le succès est immense. Il traverse l’Atlantique, se rend en Angleterre, est invité à Paris dans le cadre de l’Exposition universelle de 1889. En 1905, à l’occasion d’une seconde tournée européenne, au cours de laquelle il donnera son show dans plus de cent villes françaises, il s’arrête à Reims les 11, 12 et 13 juillet. Il plante son chapiteau sur le terrain des Coutures qui servait autrefois aux exercices des 16e et 22e dragons – dont une partie est aujourd’hui occupée par le lycée Clemenceau3. Pas moins de quatre trains spéciaux et cinquante wagons sont nécessaires pour acheminer tout le matériel permettant à la troupe, forte de 800 personnes et 500 chevaux, de s’installer autour d’une spacieuse arène, et d’offrir des représentations dont le clou est une reconstitution de la bataille de Little Bighorn. 

Revenu aux Etats-Unis, une gestion malheureuse et un certain désintérêt du public conduisent celui que d’aucuns qualifient de « rock star avant l’heure » à la faillite, en 1913. Ruiné, malade, William Frederick Cody s’éteint, victime d’une pneumonie, le 10 janvier 1917 à Denver (Colorado). Buffalo Bill n’est plus. La légende demeure.

1Michel Faucheux, Buffalo Bill, Gallimard, 2017
Jacques Portes, Buffalo Bill, Fayard, 2002


2Un service de distribution rapide du courrier aux États-Unis, en service entre le 3 avril 1860 et le 24 octobre 1861

3Michel Thibault, Reims de A à Z, éditons Alan Sutton, 2005.

Buffalo Bill
Texte : Jacques Rivière