Imaginez. La nuit tombe sur Londres. Vous êtes à deux pas de la Tamise ; au loin, vous entendez le grondement de Waterloo Station ; et devant vous, s’élève une élégante façade victorienne.
C’est l’Old Vic Theatre.
Une scène historique, plantée là depuis deux siècles, avec un nom de grand patriarche british.
Prêt·e pour la visite ?
Mille et une vies
Si les murs pouvaient parler, sans doute évoqueraient-ils leurs anciennes vies de music-hall, de repaire de fêtards, de refuge culturel puis d’opéra, avant qu’ils ne deviennent ce haut lieu des arts dramatiques. Fondé en 1818 dans le quartier populaire de Lambeth, le Old Vic Theatre (anciennement le Royal Coburg) offre aux classes ouvrières de la rive sud de la Tamise, une alternative aux établissements prestigieux du West End.
Le public y est populaire, l’ambiance un brin sulfureuse. Au cours du XIXe siècle, entre périodes de succès et de déclin, le théâtre cherche son identité. Ce n’est qu’à l’aube du XXe qu’il amorce une véritable mutation, avec l’arrivée à sa tête, dans les années 1920, de Lilian Baylis. Son flair et son énergie hors du commun transforme l’Old Vic en un temple du répertoire shakespearien.
On raconte qu’elle était si passionnée qu’elle n’hésitait pas à préparer elle-même des soupes pour les comédiens, lorsque le budget manquait!
Visionnaire avant l’heure, elle a rendu le théâtre accessible à tous, en proposant des billets réduits pour les ouvriers et les étudiants. Sous sa direction, l’Old Vic est devenu une sorte d’utopie culturelle.
Un phare sur la scène londonienne
Aujourd’hui encore, l’Old Vic fait battre le cœur artistique de Londres, avec ses classiques revisités et ses pièces contemporaines.
C’est dans ses coulisses que sont nés le National Theater et l’English National School, avant de s’implanter dans leurs propres lieux. Désormais, s’il continue de jouer les incontournables du théâtre comme Shakespeare, Tennessee Williams ou Arthur Miller, il soutient aussi des œuvres inédites, et met en scène de nombreuses premières mondiales. L’Old Vic peut ainsi répondre aux attentes de son public existant et de publics nouveaux, ayant des intérêts variés, mais partageant un goût commun pour les joies du théâtre.

Une prescription théâtrale ? Dickens, for sure.
Récemment, l’un des grands succès de l’Old Vic, c’est A Christmas Carol, l’adaptation théâtro-musicale du chef d’œuvre de Dickens, par Jack Thorne. Après une année record en 2023, et plus de soixante-sept mille spectateurs, le spectacle revient à l’affiche cet hiver pour sa huitième année consécutive.
« Aller voir A Christmas Carol en famille ou entre amis, c’est plonger dans l’esprit de Noël » s’enthousiasme Emma Robson, responsable des événements de l’Old Vic, « les aventures de Scrooge, personnage cupide qui chemine vers la rédemption, sont une belle façon d’inaugurer les fêtes »
C’est que ce spectacle a tout des bonbons de Noël : on y croise pêle-mêle un fantôme enfantin, une dinde qui vole, du vin chaud, beaucoup de neige, des pommes de terre qui glissent et une vraie collecte de fonds à l’issue du spectacle – qui, en 7 ans, a déjà rassemblé plus de 1,5 million de livres au Royaume-Uni et à l’international, pour aider des associations qui luttent contre la précarité alimentaire. « L’Old Vic ne reçoit aucune subvention gouvernementale régulière. Nous sommes reconnaissants et fiers de pouvoir bénéficier d’un soutien de longue date de la part du Champagne Taittinger », poursuit Emma Robson. « L’Old Vic est certes une institution emblématique de la scène culturelle londonienne, mais c’est aussi un théâtre qui veille à ce que l’art de la mise en scène continue de prospérer et d’être accessible au plus grand nombre, ajoute Ben Knolly, directeur général de Hatch Mansfield (importateur en Angleterre du Champagne Taittinger), qui a initié le partenariat entre l’Old Vic et Taittinger en 2006. C’est un sujet qui, je le sais, est très cher à la famille Taittinger. »
S’il fallait imaginer une prescription saisonnière pour découvrir A Christmas Carol, ce serait au creux de l’hiver, quand les guirlandes de Regent Street scintillent, juste après un tour de patin à glace dans la cour de la Somerset House ou une Mince Pie à Covent Garden. Parce que chaque venue à l’Old Vic se prépare comme une promesse.
Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire, la prochaine fois que vous passerez à Londres : pousser la porte de l’Old Vic, prendre place dans sa salle, choisir l’un de ses 1000 fauteuils en velours et goûter à l’atmosphère singulière de ces lieux qui en ont tant vu…
