La vie de Marie Rouvillois est faite de belles rencontres qui ont engrené d’atypiques aventures professionnelles. La dernière en date l’a projetée en 2024 à la direction du Fonds de dotation Philanthropic ArsNova après que le hasard lui a présenté Vitalie et Pierre-Emmanuel Taittinger au moment où ils voulaient donner corps à leur projet de grand œuvre au service des arts.

Retracer le parcours de Marie Rouvillois, c’est comme essayer de suivre un papillon qui volète librement d’une fleur à l’autre et s’attarde longuement quand le nectar lui plaît. Quelques années passées au sein d’une agence spécialisée dans la communication cinéma lui donnent envie d’aller au-delà de la promotion des films et de se rapprocher des réalisateurs, « le cœur du réacteur ». Alors le papillon se pose sur l’épaule de Nicolas Vanier. Pendant une vingtaine d’années, Marie accompagne dans ses projets cet aventurier passionné de Grand Nord qui multiplie les expéditions en traineaux à chiens, les documentaires, les livres et les films. Avec le photographe et réalisateur Yann Arthus-Bertrand, elle ouvre en cours de route une parenthèse de deux ans pour diriger la communication de sa fondation GoodPlanet, au moment notamment de la sortie de Human.

Champagne !

Et puis un jour le papillon survole la Champagne, de nouveau aux côtés de Nicolas Vanier qui a choisi de tourner dans cette région un « film de copains » pour lequel il a des exigences. « On voulait être au plus près des artisans du champagne, comprendre qui ils étaient et, sur le plan matériel, on cherchait aussi des partenaires réellement engagés. » La rencontre avec Vitalie Taittinger et son père Pierre-Emmanuel fait tilt. « On a vu qu’ils avaient comme nous une énergie à déployer qui dépasse notre petit passage sur terre, une envie de donner du sens à ce qu’ils font. Ce sont aussi des personnalités drôles, joyeuses. Ces qualités ont été primordiales dans le choix du partenaire. »

Le même langage

Entre Marie Rouvillois et la Maison Taittinger, le lien est bien établi et va peu à peu se consolider en marge du film. « Nous parlions le même langage. J’étais admirative de tous les engagements sociétaux de l’entreprise et de la famille, et étonnée qu’ils ne soient pas regroupés dans une même structure. » Le sujet est justement d’actualité pour Vitalie qui souhaite amplifier ces actions d’intérêt général en les dégageant de tout contexte commercial. Elle confie à Marie une mission de préfiguration. « Pendant deux ans, nous avons travaillé à modeler le projet, avec l’idée d’intégrer les arts visuels, les arts vivants et les arts culinaires. »

Prise dans l’engrenage

Ce travail débouche sur la création non pas d’une fondation d’entreprise mais d’un Fonds de dotation ouvert à d’autres mécènes qui seraient tentés par cette forme de générosité. Prise dans l’engrenage de ce chantier exaltant, elle accepte d’assurer la direction opérationnelle de « Philanthropic ArsNova », sous la présidence du très concerné Pierre-Emmanuel Taittinger et en proximité avec Vitalie. Objectif du Fonds : partager les Arts avec le plus grand nombre. « Pour embrasser les causes, il faut avoir une résonnance à 100 % avec ceux qui les portent », souligne-t-elle. Le papillon se pose ainsi en Champagne, en sachant que le territoire de sa mission est vaste comme le monde.

Fil rouge

Marie Rouvillois s’est frotté à l’art dès l’enfance. « La musique a toujours fait partie de ma vie. J’avais une grand-mère altiste qui a offert à ses petits-enfants des cours de musique et des instruments. » Pour elle, ce sera le violon en majeur et le piano. Le 7e art et la fréquentation professionnelle de Yann Arthus-Bertrand et de Nicolas Vanier l’ont amenée à développer une disposition déjà présente chez elle. « Ce sont deux personnages engagés, qui considèrent que l’Homme et la Nature sont des œuvres d’art et les subliment via des images, le cinéma ou la photographie, pour alerter sur les problématiques environnementales. Par le prisme du beau, ils donnent envie d’aimer et de comprendre pour mieux chérir. »

Philosophie positive

Elle considère que la mission du Fonds de dotation est dans la continuité de cette philosophie positive, à savoir : « donner à connaître le bon et le beau avec une pédagogie de la joie qui permet de dédramatiser l’accès à l’Art, d’inviter à l’émerveillement, de se reconnecter à ses émotions, de trouver sa singularité et sa place. Si on offre une médiation la plus sincère, on peut réussir à faire éclore de belles personnalités. » Plusieurs outils ont été réunis sous la bannière du Fonds, dont le prix international ArsNova de Cuisine d’Auteur (anciennement Le Taittinger) qui consiste à révéler l’excellence et la créativité des chefs, dont la dernière édition a eu lieu le 4 février à l’Opéra Bastille.

Alimentation saine et durable

Il est désormais combiné à des galas caritatifs délocalisés dans les pays participants, destinés à lever des fonds au profit d’associations et causes locales, en demandant aux candidats du prix un travail d’accompagnement sur place pour transmettre les bases d’une alimentation plus saine et plus durable. Dédié aux cuisiniers amateurs, le Cooking Talent sera lui aussi repris et amplifié par Philanthropic ArsNova qui a par ailleurs lancé à l’été 2024 une action en direction des enfants au moyen d’un camion-cuisine qui va à leur rencontre dans les quartiers pour les initier à la cuisine et réenchanter la table comme lien social.

La Belle Enchantée

Le Fonds reprend également à son compte le mécénat Taittinger-Opéra de Paris, dont les contreparties sont redistribuées à des associations, et le mécénat des Flâneries musicales de Reims avec une nouvelle ampleur et une réorientation vers les actions culturelles organisées toute l’année. Enfin, la résidence La Belle Enchantée rénovée par Taittinger à Reims va devenir une vitrine des trois pôles d’intervention du Fonds (Arts culinaires, Arts vivants, Arts visuels) et un lieu de curiosité et d’émerveillement ouvert, « où l’expérience de l’art dans le quotidien sera rendue accessible ». Secondée par Caroline de Chantérac et le mécénat de compétences des équipes de la Maison Taittinger, Marie Rouvillois fait l’apprentissage d’une nouvelle façon de travailler qui fait le lien entre le don et le bonheur.

Marie Rouvillois - Philanthropic ArsNova
Marie Rouvillois © Jordan Larz
prixcuisinedauteur.philanthropicarsnova.org/fr

Texte : Catherine Rivière