À Valenciennes dans le nord, l’entrepreneur Xavier Lucas a redonné vie au bâtiment de l’ancien Hôpital Général. Un chantier titanesque pour créer un hôtel 4 étoiles aux prestations d’exception dans un écrin 18ème.

En 1752, démarrent à Valenciennes, les travaux d’un bâtiment qui va imposer sa silhouette dans le paysage de la ville : le futur Hôpital Général. Ils s’étaleront jusqu’en 1774.  Le terme « hôpital général » désigne une réalité qui ne correspond pas tout à fait à l’idée qu’on se fait aujourd’hui d’un hôpital. Il est plus question d’ « hospitalité » – et c’est une litote – que de médecine à proprement parler.

Le concept d’ « hôpital général » est une création de Louis XIV dont la fonction est très indirectement de soigner, mais surtout de réunir les plus miséreux en un espace unique conçu pour subsister dans une certaine forme d’autarcie. Y étaient recueillis, ou plutôt enfermés, les handicapés, les vieillards, les vagabonds, les femmes de petite vie… Ce faisant on pensait résoudre en une fois le problème de la mendicité et des Cours des Miracles.

L’hôpital de Valenciennes (au sens habituel du terme) en est, par la suite, devenu propriétaire et l’a transformé en maison de retraite. Peu à peu, avec le temps, l’évolution des normes, et la difficulté d’entretenir une surface immense, le bâtiment est devenu impropre à cette fonction et s’est largement dégradé. Jusqu’à ce qu’on décide de remettre en valeur ce patrimoine en confiant à un opérateur extérieur la rénovation et l’exploitation du lieu.

C’est là qu’intervient Xavier Lucas. Cet entrepreneur nordiste, s’est fait une spécialité, avec son entreprise, la Financière Vauban, de réhabiliter les lieux de patrimoine en déshérence. Il les restaure intégralement et les réintègre dans le tissu économique local en leur donnant une nouvelle fonction, celle d’hôtel la plupart du temps. Le positionnement de ses opérations est très haut de gamme. Il ne s’agit pas d’utiliser les énormes surfaces comme un simple stock de mètres carrés disponibles mais bien de redonner tout son lustre au bâtiment d’origine tout en le mettant aux normes actuelles. C’est ce qui rend l’affaire délicate, les architectes du XVIIIème siècle n’ayant pas particulièrement conçu le bâtiment pour les standards de confort et de sécurité du XXIème. Pour mener à bien une telle opération, Xavier Lucas, qui s’est vu attribuer le projet au nez et à la barbe de grands groupes comme Eiffage ou Vinci, aura dû faire preuve de ténacité et de rigueur, liées par le ciment intime de la passion. Il serait en effet sans doute plus rentable pour un acteur de l’immobilier d’aligner les parpaings neufs pour faire du logement classique que de se lancer dans la restauration lourde de monuments historiques. Mais le gamin du nord se souvient des promenades dominicales dans les lieux de patrimoine avec ses parents, les côtoyer fait partie de son ADN, choisir une autre voie n’est pas un sujet… Son sujet, c’est de prendre à bras le corps ce chantier titanesque : 55 000 m2, le plus grand monument historique privé de France. Et les contraintes qui vont avec.

Une opération d’une durée totale de 8 ans et demi, 70 millions d’euros de budget, 5 ans et demi de travaux menés par 300 salariés dont 80% de compagnons, 2 ans de recherches avant de démarrer… Plus de toit, plus de charpente. Il aura fallu effacer les traces d’un incendie, tout reconstruire à l’identique du bâtiment d’origine, en respectant des techniques d’époque. Certaines parties en pierre bleue ont étés démontées, restaurées en atelier puis remontées sur le bâtiment. Le chantier de la piscine aura à lui seul duré un an. Les travaux se sont faits main dans la main avec la Ville de Valenciennes, la Direction Régionale des Affaires Culturelles, l’Architecte en Chef des Monuments Historiques et l’Architecte des Bâtiments de France. Chacun des échelons institutionnels ayant intérêt à réaliser le plus beau projet possible.

A l’arrivée, on se dit que le jeu en valait la chandelle. Dans les 55 000 m2 viennent se loger 160 appartements de standing, les nouveaux bureaux de Valenciennes Métropole, et surtout, le Royal Hainaut, un hôtel 4 étoiles d’un genre nouveau. Un « resort urbain » qui promet un séjour exceptionnel et particulièrement original alliant l’émotion d’un lieu d’histoire avec le confort, et l’espace, des derniers standards de l’hôtellerie de luxe. L’hôtel, ouvert depuis mai 2019, a d’ailleurs déjà trouvé son public et semble devenu un lieu de destination (40% de la clientèle du weekend est parisienne), bien plus qu’un lieu de passage cependant que la ville de Valenciennes peut s’enorgueillir d’un nouvel atout touristique et patrimonial de poids, et des 130 emplois permanents créés pour le faire vivre.

Texte : Benoît Pelletier
Crédits photos : DR