Le deux-roues a révolutionné les canons de la mobilité et du design. Populaire et classe, elle traverse les époques.

À la vitesse, elle préfère la sérénité des transports amoureux, et à l’agressivité du design la douceur de ses lignes. Et tout ceci concourt à ce qu’elle reste indétrônable. Pourtant, la Vespa, icône de l’Italie d’après-guerre, file allègrement vers ses 80 ans. 

La légende dit qu’elle doit son nom au doux bourdonnement de son moteur qui, un jour, a fait s’exclamer son créateur, Enrico Piaggio : « Una vespa ! », littéralement « une guêpe ! ». D’autres évoquent sa structure effilée, cette « taille de guêpe », qui lui vaut son style si particulier. Et tellement élégant. 

Les premiers prototypes sortent des usines lorsque leur créateur, jusqu’alors investi dans l’industrie aéronautique et la fabrication d’avions militaires, se reconvertit en 1946. Il conservera de sa première activité un soin tout particulier porté à l’aérodynamisme du véhicule et donc à sa ligne indémodable. 

Transport moderne

À l’époque, la vespa est une petite révolution dans le monde du transport. Citadine, légère et agile, accessible à tous, avec la boîte de vitesse sur le guidon, elle est le premier deux-roues qui permet aux femmes – et aux prêtres ! – de se déplacer ainsi sans avoir à adopter une position qui viendrait heurter la morale d’une Italie toujours soucieuse de respectabilité. 

Avec la Vespa, la fourche avant classique de la moto disparaît au profit d’un bras unique qui facilite le dépannage en cas de nécessité. Surtout, le cadre du deux-roues disparaît, remplacé par une carrosserie dont l’ambition est de protéger le pilote et de l’empêcher de se salir. Moins sportive, mais plus simple d’accès, elle s’impose rapidement dans toutes les strates de la société italienne.

La Vespa, un personnage de cinéma

Très vite, c’est pourtant le développement en parallèle du cinéma italien et des célèbres studios de la Cinecittà, à Rome, qui donneront à ce deux-roues son aura international. À l’affiche de Vacances romaines, film sorti en 1953 avec Audrey Hepburn et Gregory Peck chevauchant leur Vespa devant le Colisée, elle devient très vite le symbole mondial de la dolce vita. 

Le film obtient trois oscars et Enrico Piaggio engrange les lires. Il s’est vendu depuis sa création près de 20 millions de Vespa. Loin de passer de mode, elle demeure un symbole puissant dans l’iconographie du cinéma. On la retrouve accompagnant les introspections de Nanni Moretti, dans le plan séquence d’ouverture de Journal intime (1993), transportant Romain Duris à Paris dans les Poupées russes (2002) ou le duo composé de Matt Damon et Gwyneth Paltrow dans Le Talentueux Mr Ripley (1999). 

Toujours « tendances » et populaires, les Vespa destinées au marché européen sont aujourd’hui encore fabriquées dans l’usine historique de Pontedera, en Toscane. La marque reste toujours à l’avant-garde, multipliant les collaborations pour des éditions limitées (Giorgio Armani, Dior, Justin Bieber…). À jamais glamour !

La Vespa dans les années 50
La Vespa dans les années 50 © DR
Texte : Cyrille Jouanno
Image de Une : Audrey Hepburn et Gregory Peck sur leur Vespa dans le film Vacances romaines © DR