Dans le parc de la Maison Taittinger, et au sein de son bâtiment, se dressent deux sculptures imposantes en acier corten. Ces arcs sont ceux de Bernar Venet, pionnier de l’art conceptuel et minimal.
De renommée internationale, l’œuvre de Bernar Venet se retrouve dans plus d’une centaine d’institutions prestigieuses à travers le monde. Mais s’il est artiste, il est aussi un promoteur de sa « famille » artistique. Pour lui, l’art n’est pas moins qu’un absolu qui fait évoluer la conscience.

À l’occasion de la refonte de son site de Saint-Nicaise, la Maison Taittinger a invité Bernar Venet à concevoir deux sculptures. Aujourd’hui visibles dans leur intégralité, ces œuvres s’inscrivent dans la série des Arcs, emblématique du travail de l’artiste. La première, installée dans le parc, culmine à 12 mètres de hauteur ; la seconde, haute de 2,38 mètres, prend place à l’entrée du bâtiment, entièrement réaménagé pour proposer un nouveau parcours de visite. Respectivement intitulées 97,5° Arc x 2 et 85,5° Arc x 6, en référence à l’angle de leur courbure, ces sculptures adoptent une désignation volontairement technique pour laisser au regardeur la liberté d’interpréter – à l’image des œuvres, qui, dans leur rigueur formelle, révèlent un grand pouvoir d’évocation.

L’exigence formelle est une constante dans le travail de Bernar Venet et c’est dès les années 1960 qu’elle commence à émerger, période durant laquelle il quitte la France dont il est originaire (Alpes-de-Haute-Provence) pour s’installer aux États-Unis, attiré par la scène minimaliste naissante. De là, il construit une œuvre protéiforme avant-gardiste, radicale, conceptuelle.

Très tôt, il refuse l’expression subjective. Il préfère l’abstraction : équations, diagrammes, angles, arcs. Des formes empruntées au langage scientifique, qu’il érige en objets plastiques. Dans ses sculptures monumentales d’acier – « Arcs », « Angles », « Lignes indéterminées » ou « Effondrements » – l’ordre et le chaos semblent en tension. L’imprévisible y a toute son importance. : « Je ne sais pas du tout à quoi va ressembler l’œuvre lorsqu’elle va être terminée » affirmait-il dans une interview (Art Interview, 2019). Ses installations imposent leur présence dans l’espace urbain ou naturel. Les lignes ou courbes s’élèvent, parfois s’écroulent, toujours interrogent : sur la gravité, l’échelle humaine, la force des lois physiques.

Aujourd’hui, Bernar Venet est sans doute l’un des artistes français les plus identifiés internationalement. Son travail est présent dans les collections du MoMA et du Guggenheim à New York, du Centre Pompidou à Paris ou encore du National Museum of Modern Art à Séoul. Il est également l’un des rares artistes contemporains à avoir exposé à Versailles, en 2011.

Venet incarne une forme d’exigence intellectuelle, alliée à une matérialité brute. Chez lui, la sculpture n’orne pas, elle force le regard à affronter l’abstraction, dans ce qu’elle a de plus pur et de plus physique. La Venet Foundation située à Le Muy, dans le Var, en est l’exemple vivant. Elle a été conçue comme un lieu de dialogue entre la nature environnante, l’art et la pensée.

Elle fera l’objet d’un prochain article puisque nous avons eu la chance de passer la porte de cette institution privée qui rassemble une très grande diversité de figures de l’art conceptuel et minimal et se hisse au niveau des plus grandes institutions muséales internationales.

www.venetfoundation.org/fr/

Image de une : 97,5° Arc x 2, parc Taittinger © Benoît Pelletier