Venu d’Allemagne, popularisé par des émigrants sur le sol américain, ce petit sandwich est à tout jamais associé à New-York. 

New-York, la ville de la démesure. Ses grands parcs, ses avenues bruyantes, ses musées tous plus incroyables les uns que les autres, son agitation permanente de jour comme de nuit… On oublie aussi que Big Apple a été pour des milliers d’émigrants la porte d’entrée sur le continent américain.

Depuis la fin du 19e siècle, ils ont été douze millions à débarquer d’Europe sur Ellis Island, à l’embouchure de l’Hudson, dans la baie de New-York. Parmi eux, un certain Charles Feltman, originaire d’Hanovre en Allemagne. L’homme a le goût de l’entreprise et ouvre, dès 1865, une boulangerie à Brooklyn. Il vend aussi ses produits à Coney Island, une plage située au Sud de Brooklyn proposant de nombreuses attractions depuis que la ligne de chemin de fer y a trouvé son terminus.  

Comme tous les Allemands de son époque, Feltman est arrivé aux Etats-Unis avec, dans ses bagages (ou presque) des saucisses de Francfort, ces fameuses Frankfurter Würstchen, dont la recette est très normée. Viande de porc, épices, elle est fumée à basse température, puis cuite à l’eau durant huit minutes.

Elle commence rapidement à être vendue sur des points de vente ambulants dans New-York, comme une activité simple pour gagner quelques sous et trouver de quoi subsister. Mais c’est avec Charles Feltman, qu’elle sera associée à un petit pain au lait. Avec cet assemble, il parvint à séduire la clientèle de Coney Island et peut rapidement se permettre d’ouvrir un restaurant à Brooklyn. Appelé Feltman’s Ocean Pavilion, il est dédié aux produits de la mer. Si la clientèle y est huppée mais il cherche en parallèle à trouver une solution pour la clientèle prolétaire qui descend au terminus de Coney Island, qui souhaite se nourrir vite et pour pas cher. C’est là, dit-on, qu’il aurait eu l’idée de servir derrière un petit chariot cette saucisse délicatement lovée dans un petit pain, avec de la moutarde, comme cela a presque toujours été le cas en Allemagne.

Une autre source nous apprend que le hot-dog ne serait pas né à New-York, mais à Saint-Louis, dans l’état du Missouri, où un autre allemand, Anton Feuchtwanger, proposait des gants blancs avec ses saucisses pour que ses clients évitent de se brûler les doigts et de se tacher. Les clients indélicats repartant avec les gants au terme de la dégustation, il aurait alors trouvé la parade du petit pain pour remplacer le gant.  

Quoiqu’il en soit c’est à New York que les dachshunds, little dogs ou hot dogs se popularisent, à la faveur des habitudes culinaires des ouvriers et des matchs de baseball.

Dans la ville et dans tous les Etats-Unis, le hot dog est tellement populaire que, lors de la visite du roi George VI d’Angleterre, en 1939, le président Roosevelt ne manqua pas de l’inscrire au menu d’un dîner officiel. L’histoire dit que le souverain britannique apprécia. Aujourd’hui encore, les vendeurs de rue de hot-dog sont plusieurs centaines à New-York, avec leur chariot métallique, sur la Cinquième Avenue à Manhattan, ou dans le Financial district. Il suffit de deux dollars, ou parfois un peu plus lorsqu’on décide d’en personnaliser la garniture : choucroute (l’Allemagne n’est jamais très loin), mais aussi sauce Relish, chili, ketchup…

150 ans après sa création à Big Apple – ou à Saint-Louis – le hot dog reste indissociable de la streetfood et de l’identité new-yorkaise.

Texte : Cyrille Jouanno
Image de une : vendeurs de hot dog sur Broadstreet, New York, 1906 © Wikimedia Commons