Il a marqué l’art moderne du XXe siècle. Parce qu’il était de toutes les avant-gardes, René Magritte a été l’une des figures incontournables du mouvement Dada.
Un jour, il découvre là une reproduction d’une œuvre de Chirico, Chant d’amour. Une révélation. « Mes yeux ont vu la pensée pour la première fois », écrira-t-il alors. Le jeune homme a 24 ans, il a fréquenté l’Académie des Beaux-arts de Bruxelles en auditeur libre, suivi bien des cours avant de devenir un modeste affichiste, auteur de peintures à vocation décorative.
La rencontre avec ceux qui deviendront ses amis Dada est décisive. René Magritte plaque tout, ou presque, quittant son emploi dans une usine de papier peint qu’il s’échinait à dessiner. Il s’investit dans plusieurs revues, dont l’une est dirigée par Picabia, tout en poursuivant son activité de peintre dessinateur, de manière indépendante.
Mais cette vie étriquée n’est pas suffisamment aventureuse pour lui. Il quitte Bruxelles pour Paris, où il se lie très vite avec la fine fleur du mouvement surréaliste, devenu le cœur battant de la création littéraire, poétique et plastique en Europe. André Breton, Max Ernst, Paul Éluard, mais aussi Salvador Dalí qui l’invitait chez lui à Cadaqués, sur la côte catalane. Magritte peint. Beaucoup. La reconnaissance intervient assez vite dans les années 1930. André Breton l’invite à dessiner la couverture de son manifeste, Qu’est-ce que le surréalisme ? Les galeries l’invitent à New-York, à Londres…
Dans les années noires, celles de la Seconde guerre mondiale, il s’inscrit dans ce mouvement surréaliste en utilisant, au bout de ses pinceaux, des techniques issues de l’impressionnisme. Son œuvre est singulière, incomparable, tant l’artiste a développé un alphabet pictural qui lui est propre.
Infiniment poétique, la peinture de Magritte est faite de ce que l’on croit être des symboles mais qui relève plus de la projection d’une pensée joueuse, directe. L’objet y est au centre comme cette fameuse pipe, soulignée d’une phrase, « Ceci n’est pas une pipe », qui lui a valu une renommée mondiale.
Quant au vin de champagne, il n’est pas absent de l’œuvre et de l’imaginaire de Magritte. Un nuage vient se poser dans une coupe (La Corde sensible, 1960), une girafe s’est glissée dans une flûte en cristal (Le Bain de cristal, 1946). L’univers de Magritte est sans limite, préfigurant, d’une certaine manière, les extravagances pop art de la génération qui suivit. Parce qu’il s’est affranchi des codes de son époque, parce qu’il a su rester de tout temps à l’avant-garde de la création, Magritte, dans son œuvre, interroge encore notre époque. Comme si le regard rieur et décalé qu’il portait sur le monde, sur les objets qui peuplent notre quotidien, était toujours aussi actuel.
