La marque Luteca, fondée à New York en 2015 par Amanda et Sébastien Réant, invite à découvrir le design mexicain, encore peu exporté aujourd’hui, dans son nouveau showroom parisien. Exit le folklore. Place aux pièces contemporaines inspirées de l’héritage culturel du Mexique ainsi que des rééditions de meubles modernistes du XXe siècle de grands maîtres du design latino-américains.
Un mélange de Bauhaus et de précolombien
Luteca, c’est avant tout l’histoire d’une passion. Celle de Sébastien Réant pour le Mexique et son riche héritage culturel. « Je suis fasciné depuis toujours par la mythologie aztèque et les civilisations mayas » confie-t-il. Installé en Californie, ce consultant en hôtellerie haut de gamme et concepts de boutiques-hôtels sillonne pendant plus de quinze ans les terres mexicaines où il découvre des savoirs-faire artisanaux uniques mais aussi de grandes figures de l’architecture et du design. À l’instar de Pedro Ramírez Vázquez, architecte de la célèbre basilique Notre-Dame de Guadalupe ou encore de l’emblématique identité visuelle des JO de Mexico en 1968. « Tout au long de sa carrière, il a dessiné de remarquables projets qui mélangeaient une sensibilité moderniste européenne avec des inspirations précolombiennes, rappelle Sébastien Réant. Dans ses archives, nous avons trouvé des modèles de meubles qui n’avaient jamais été édités. » En 2015, Sébastien et son épouse britannique Amanda, directrice d’un grand groupe de design aux Etats-Unis, lancent à New York une première collection capsule autour de ces pièces inédites. Le succès est immédiat. La presse et le marché américain s’emballent pour ce mélange de Bauhaus et de précolombien.
Trois collections
Le duo s’attache alors à faire connaître d’autres grands maîtres du design mexicain tels Michael van Beuren, génial designer formé à l’école du Bauhaus et installé au Mexique, et Clara Porset, la « Charlotte Perriand latina ». « D’origine cubaine, cette pionnière du design a étudié l’architecture à New York et Paris dans les années 30 avant de s’établir au Mexique où elle a passé sa vie à défendre sa vision de la modernité alliée aux traditions artisanales historiques. Son style universel mêle brillamment influences précolombiennes, coloniales et brutalistes comme on peut le voir dans sa réinterprétation de la chaise butaque. » Aux côtés de ces visionnaires, regroupés dans une collection baptisée « Classics », Luteca s’entoure aussi de talents d’aujourd’hui pour produire des pièces contemporaines, s’appuyant sur l’héritage architectural du Mexique. C’est le cas de Jorge Arturo Ibarra, dont le canapé Dorcia par exemple s’inspire de la porte d’entrée du fameux ranch rose de l’architecte Luis Barragán ou du Studio Martès dont la chaise Kiin a trouvé sa place dans la ligne « Contemporary ».
Revisiter les traditions pour innover
Enfin, avec la collection « Woven », Luteca renoue avec les usages ancestraux du tissage de la palme pour une ligne de meubles, adaptée à l’extérieur comme à l’intérieur de la maison. « Cette technique très ancienne, perpétuée par une petite communauté issue de mayas, était en voie de disparition. Il ne reste qu’une poignée de maître-artisans et nous avons à cœur de développer des programmes d’apprentissage pour transmettre et valoriser ce savoir-faire unique » souligne Sébastien Réant. Portée par une volonté d’inclusion, l’entreprise met un point d’honneur à allier savoir-faire artisanaux, innovation et démarche environnementale. Luteca a ainsi créé tout un réseau d’ateliers au Mexique, aux États-Unis et en Europe, pour améliorer la conception des pièces, intégrer des matériaux locaux comme le tulle, la palme ou le cuir de cactus et favoriser la transmission des savoirs. Avec succès. Désormais implantée à New York, Mexico, Los Angeles et Paris, la marque a réussi son pari : jeter un pont entre traditions du Mexique et techniques innovantes pour promouvoir un design contemporain et durable.
