La céramiste rémoise a imaginé une collection sur mesure pour la Maison Taittinger, où le grès et l’émail entrent en résonance avec les matières premières du champagne. 

Les murs sont tapissés d’étagères en bois où s’empilent des bols aux couleurs délicates, l’atelier est clair et serein, il donne sur un jardin. Lauriane Payer, une balle de terre au creux des mains, s’apprête à transformer l’argile en objet. « Je peux d’abord faire un dessin, en revanche, je crois sincèrement que c’est au moment où on met les mains dans la terre qu’on commence à avoir des idées, quand on commence à fabriquer, il y a quelque chose qui fonctionne » confie la céramiste. Si elle a d’abord exploré la peinture, elle s’est ensuite formée à Paris chez le sculpteur Grégoire Scalabre, il y a bientôt trois ans.

Spécialisée en tournage, elle aime les possibilités que confère la céramique, « le mélange entre art et artisanat, faire des séries de pièces utilitaires qui sont aussi des objets artistiques ». Le restaurant gastronomique La Grande Georgette, en face de la cathédrale de Reims, lui commande une première série en 2022, pendant qu’elle développe son studio de création, Atome. Son atelier devient dès lors un lieu de partage et de transmission, dans lequel elle donne aussi bien des cours d’initiation que la possibilité de venir de temps en temps travailler sur une pièce.

Le travail de l’argile à la main rend chaque pièce unique, et le processus s’inscrit dans un temps long, propre à l’artisanat et cher à la céramiste. Ce qui ne l’empêche pas de multiplier les collaborations. « Plutôt que de simplement proposer des pièces, ce que j’aime c’est créer des collections ensemble, avec les commanditaires » précise-t-elle.

C’est ainsi qu’est née Résonance, une collection issue de discussions avec Vitalie Taittinger et la directrice de l’expérience Taittinger Audrey Malacain, révélée en juillet dernier chez « Chromatique », le nouveau concept-store de la Maison. La créatrice pense d’abord confectionner exclusivement des coupes, clin d’œil à la manière de déguster les bulles, mais la céramique ne permet pas une expérience gustative optimale. 

Le lien avec le champagne devient alors plus subtil. En convoquant les couleurs de sa matière première et de son environnement, le vert de la vigne et le blanc de la craie, Lauriane Payer signe une collection de pièces uniques en grés émaillé, minérale et poétique. Elle entre en résonance avec la matière employée pour créer l’objet, la terre, et n’est pas sans rappeler l’atmosphère des carrières souterraines de craie au sein desquelles mature le champagne. 

Une fois les pièces tournées, assemblées et séchées, la céramiste opère une première cuisson, suivie de l’application d’un émail à l’origine de cet aspect vitrifié et ce doux dégradé de vert. En deuxième cuisson, à 1250°C, l’émail fusionne avec la terre. « Même si je connais bien mes émaux, même si je connais bien ma terre, je ne peux jamais totalement maîtriser ce qui va sortir du four. Il y a toujours des surprises, selon quelles pièces étaient côte à côte, comment le four était chargé, et c’est ça qui est intéressant et qui rend ces pièces vraiment uniques, même lorsqu’il s’agit d’une série. »

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Texte : Charlotte Jean